Cela fait quelques mois que je n'ai plus écrit ici. D'abord, parce que je me suis un peu concentrée sur la page Instagram de ce blog (@la.provinciale.parvenue venez on est bien), et puis aussi, surtout, parce que les théâtres sont fermés. Et alors, que dire du théâtre quand il est fermé ? Qu'il est essentiel ? Ce serait mentir. Le théâtre n'est essentiel qu'à ceux qui le font, car c'est leur travail. Le théâtre n'est pas plus essentiel que les cinémas, que les stades, que les salles de concert, que les boîtes de nuit. Le théâtre n'est pas plus essentiel que les supermarchés.
De la difficulté d'écrire sur le théâtre quand les théâtres sont résolument fermés
Mais qui va aller au théâtre à 17h ?
Le couvre-feu s'est abattu sur de nombreuses villes françaises, condamnant toute vie extérieure après 21h. La journée, prendre les transports en commun, aller travailler, déjeuner dehors, travailler encore, reprendre les transports, mais passé 21h, chacun chez soi et les vaches seront bien gardées. Sans s'étendre sur l'hypocrisie d'un tel dispositif, la question de la culture et du monde du spectacle a très vite été soulevée : y aura-t-il une exception pour le secteur culturel, déjà bien amoché par le confinement, l'annulation et le report de tous les événements depuis mars dernier ? Réponse : non. Qu'importe, on a alors qu'à avancer les représentations dans les théâtres, a proposé notre président. Le spectacle ne commence plus à 20h, 20h30, mais à 17 ou 18h, en semaine. Mais qui peut bien aller au théâtre à 17 ou 18h en semaine ? Qui exclue-t-on une fois de plus des théâtres ?
Alors bien sûr, tout cela part d'une bonne intention, car le couvre-feu ne saurait couvrir le feu du théâtre. Continuer, continuer malgré tout, continuer à offrir la possibilité à chacun et chacune d'aller au théâtre, car personne ne saurait interdire l'entrée d'un théâtre à un individu, n'est-ce pas ? Mais de fait, ces conditions excluent encore et toujours ceux qui, bien souvent, ne se sentaient déjà pas à leur place au théâtre. J'ai bien conscience que c'est une solution qui permet aussi de tenter de sauver le monde du spectacle, de perpétuer un secteur qui paie le prix cher du confinement, mais le spectacle vivant est-il une industrie ou un service public ? Et dans ce cas-là, qu'est-ce qu'un service public qui n'est pas accessible au plus grand nombre ?
La Mousson d'été - écrire le théâtre d'aujourd'hui
Cet été, j'ai eu la chance de participer à l'université d'été de la Mousson 2020. Ce festival permet la rencontre de professionnels et amateurs de théâtre depuis 25 ans autour des questions de l'écriture théâtrale au sens large : on y croise aussi bien des auteur·rices, des metteur·euses en scène, des comédien·nes mais aussi des éditeur·rices. Son université d'été permet à chacun d'aborder ces questions en étant guidé par un·e auteur·rice tout au long d'ateliers qui se déroulent chaque matin avant les lectures et différentes rencontres. Ce festival si particulier a été l'occasion pour moi de reconsidérer mon rapport au texte de théâtre, et de me poser une question qui pourrait sembler un peu bête : que faire du texte de théâtre ?
Cette série d'articles sera donc consacré au texte de théâtre et aux enjeux qu'il soulève sous toutes ses formes : de l'écriture à l'édition, en passant par la représentation, quelles sont les conditions d'existence du texte ? À qui appartient le texte ? À son auteur·rice, évidemment. Mais quand il est mis en scène ? Et que devient le texte de théâtre en dehors de la scène, puisqu'il est écrit pour elle ? Quel rôle tiennent les éditeur·rices de textes de théâtre ? Et les traducteur·rices ?
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L'Abbaye des Prémontrés |
La provinciale parvenue
Il y a un an tout pile, j'arrivais à Paris du fin fond de mes Deux-Sèvres natales, mon gros sac sur le dos et mes valises à bout de bras. C'était probablement le bouleversement le plus profond dans ma petite vie de provinciale, et c'est aussi ce qui m'a motivée à ouvrir ce blog. J'avais envie de m'adresser à celles et ceux qui débarqueront comme moi, pleins de rêves, d'espoirs et d'appréhension, prêts à conquérir un monde dont ils ne savent rien.
Parfois, ce sera douloureux. Parfois, tu auras envie de faire demi-tour. Aller à Montparnasse et monter dans le premier train qui te ramène chez toi. Mais chez toi, c'est où maintenant ? Tu te sentiras perdue, entre ici et ailleurs. Qui tu es, qui tu as envie d'être, toutes ces questions doivent te guider sans t'angoisser. Tu as tout le temps d'y réfléchir. Tu as toute la vie devant toi pour répondre à ces questions.
Pourquoi les captations de spectacles nous ennuient
Que regarder gratuitement pendant le confinement
Madelen, la VOD par INA
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photogramme du film Delphine et Carole, insoumuses |
Mes films réconfortants
Les demoiselles de Rochefort, Jacques Demy
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Catherine Deneuve et Françoise Dorléac dans "Les Demoiselles de Rochefort" © Getty / Sunset Boulevard |