La honte

C'est la honte. Il n'y a pas d'autres mots qui viennent à l'esprit que ceux prononcés par Adèle Haenel lorsqu'on a annoncé la victoire du violeur condamné Roman Polanski à la cérémonie des César 2020. Le césar de la meilleure réalisation récompense Roman Polanski lui-même, pas son film, montrant bien que l'homme et l'artiste sont une seule et même personne, qui devrait croupir en prison. 

Je n'ai pas envie de publier un compte rendu détaillé de cette cérémonie, d'analyser le moindre discours, mais plutôt de remercier celles qui ont rendu cette soirée un peu moins atroce : Florence Foresti qui n'est plus revenue sur scène une fois la récompense accordée au violeur Polanski, Adèle Haenel et sa sortie remarquable à l'annonce de la récompense pour le pédocriminel Polanski, Aïssa Maïga qui a prononcé un discours percutant sur la nécessité de lutter contre le racisme dans le petit monde du cinéma et a elle aussi quitté la salle après la fameuse annonce mais aussi évidemment les nombreuses manifestantes réunies devant la salle Pleyel avant la cérémonie, et certainement beaucoup d'autres. 

Adèle Haenel quitte la salle Pleyel après l'annonce de la récompense de Polanski

Sortilège d'Ala Eddine Slim


 Dans une caserne en Tunisie, un jeune soldat informé du décès de sa mère se voit accorder une permission. Il déserte. Une femme au foyer enceinte s'échappe de sa vie ennuyeuse auprès de son mari. Ils se retrouvent tous deux dans une mystérieuse forêt...

Sortilège est un film déroutant, étrange, hors du temps et dans lequel on aime à se perdre. La bande-originale signée du groupe Oiseaux-Tempête nous enveloppe dans l'atmosphère toute particulière que développe Ala Eddine Slim dans son film. Il faut alors en tant que spectateur se laisser porter et entrer dans le songe.

Les personnages font le choix de s'émanciper du carcan de la société et leur mode de vie sauvage remet en cause toutes les normes. Le fantastique s'immisce alors peu à peu dans leurs existences, allant même jusqu'à questionner les normes de genre de manière étrange et poétique. 


Dans le grenier d'Éric Ruf

Photographie de Eric Ruf - © Stéphane Lavoué
Mardi 25 février, j'ai eu la chance d'assister à la lecture d'un texte de Pascal Quignard par Éric Ruf. Dans le grenier de la Comédie Française, sous la coupole et face aux toits de la place Colette, une estrade a été installée au milieu de quelques chaises. 


Le texte lu est un roman, La frontière de Pascal Quignard, connu pour un autre de ses romans, Tous les matins du monde. C'est une histoire d'amour, d'honneur et de vengeance sur fond d'azulejos du XVIIème siècle. Pour moi, ce texte a été une véritable découverte, je ne connaissais pas du tout l'oeuvre de Pascal Quignard, et je me suis sentie complètement plongée dans l'univers du roman. Les mots lorsqu'ils sont lus ont une résonance toute particulière, et ici on ressentait particulièrement la dimension orale d'un texte inspiré des azulejos de Lisbonne.




La nuit des rois, Ostermeier retourne la Comédie Française

La nuit des rois ou tout ce que vous voulez de Shakespeare s'offre une brillante relecture par Thomas Ostermeier à la Comédie Française. Le célèbre metteur en scène n'hésite pas à braver toutes les conventions et les limites que semblerait a priori imposer une telle institution, allant parfois jusqu'à repousser les limites du divertissement par simple provocation. Mais ça fonctionne, et plutôt très bien.

La nuit des rois ou tout ce que vous voulez, mise en scène Thomas Ostermeier / Photo C. Raynaud de Lage


La fille au bracelet de Stéphane Demoustier

 Lise (Melissa Guers) a dix-huit ans, elle vit dans un quartier résidentiel sans histoire et vient d'avoir son bac. Mais depuis deux ans, Lise porte un bracelet électronique car elle est accusée d'avoir tué sa meilleure amie. Le film suit alors son procès, qui s'étale sur plusieurs jours et la replonge elle et toute sa famille dans ce drame. Il nous met dans la peau des jurés, qui doivent juger si oui ou non Lise est coupable, mais nous fait également traverser tous les doutes de ses parents (Roschdy Zem et Chiara Mastroianni). 

Le film se veut une plongée dans le microcosme judiciaire, dans le procès et seulement le procès, avec tout la dimension théâtrale qui l'implique. Lise, par le mutisme qu'elle oppose aux accusations de l'avocate générale (Anaïs Demoustier) tente de se soustraire aux codes de son propre procès et semble s'opposer farouchement au monde des adultes ou tout est si rationnel. Lise est une adolescente libre, et refuse d'être jugée sur sa vie intime, elle refuse de se justifier sur ce qu'elle ressent - ou plutôt ici, ne ressent pas. 

Revenir de Jessica Palud

Thomas (Niels Schneider) retrouve sa maison et sa campagne natales, rappelé dans son passé par la maladie de sa mère (Hélène Vincent). Il y retrouve son père (Patrick d'Assumçao) et leur relation conflictuelle, mais aussi la veuve de son frère, Mona (Adèle Exarchopoulos) et son neveu (Roman Coustère Hachez).

Le scénario est simple, très simple, et parfois un peu trop prévisible (bien que le film ait reçu le Prix du scénario de la section Orizzonti à la 76ème Mostra de Venise). Tout semble téléphoné, et comme bien souvent, la bande-annonce nous a déjà révélé tous les tenants et aboutissants du film.

Derrière la tragédie familial se cache alors celle du monde rural, celle des paysans et de leurs enfants,  de la difficulté de changer de milieu social puis d'y revenir, et si l'on peut se réjouir d'un traitement non frontal et tapageur de ces sujets, le drame reste cependant platement expédié, et tout semble malheureusement assez creux.


Aller au théâtre sans se ruiner quand on est étudiant

Le théâtre est un sport de riches, je n'apprends rien à personne en l'affirmant. Les places sont chères, très chères, sur les planches (les écoles publiques sont très sélectives, et une année en école privée revient à environ 3000 euros) comme dans la salle (il faut compter 33 euros pour une place au tarif normal à la Comédie Française). Et si les écoles de théâtre cherchent à se démocratiser et se rendre plus accessibles aux moins privilégié·e·s, aller au théâtre coûte toujours extrêmement cher, et reste très peu accessible pour les étudiant·e·s. Heureusement, dans  de plus en plus de théâtres, on retrouve des offres pour les étudiant·e·s, qui permettent d'aller voir des spectacles sans se ruiner. Voici donc mon petit condensé des meilleurs bons plans et astuce pour aller au théâtre sans se ruiner (et parfois gratuitement !).