
Le film se veut une plongée dans le microcosme judiciaire, dans le procès et seulement le procès, avec tout la dimension théâtrale qui l'implique. Lise, par le mutisme qu'elle oppose aux accusations de l'avocate générale (Anaïs Demoustier) tente de se soustraire aux codes de son propre procès et semble s'opposer farouchement au monde des adultes ou tout est si rationnel. Lise est une adolescente libre, et refuse d'être jugée sur sa vie intime, elle refuse de se justifier sur ce qu'elle ressent - ou plutôt ici, ne ressent pas.
Si le plaidoyer sur les moeurs des jeunes et la nécessité de la justice de ne pas juger un accusé sur sa morale mais bien sur sa culpabilité semble un peu artificiel et surjoué, le reste du procès n'en reste pas moins convaincant, filmé avec presque un oeil de documentariste. Le tribunal devient un miroir de la société (comme le rappelle l'avocate générale elle-même), où la génération précédente tente d'appliquer à celle qui la suit ses propres codes moraux, auxquels, comme Lise, elle tente de se soustraire. Est inscrit en creux dans le film le drame de l'incomunicabilité entre les générations.
Roschdy Zem et Chiara Mastroianni incarnent brillamment les parents dépassés par ce qu'ils découvrent de leur fille au cours de son procès, montrant une cellule familiale déjà fragilisée plus brisée encore par ce procès. La performance de Melissa Guers est elle aussi remarquable, d'autant qu'il s'agit de son tout premier film. Affaire à suivre donc...
La fille au bracelet réalisé par Stéphane Demoustier, avec Mélissa Guers, Roschdy Zem et Anaïs Demoustier, en salles depuis le 12 février 2020.
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