Revenir de Jessica Palud

Thomas (Niels Schneider) retrouve sa maison et sa campagne natales, rappelé dans son passé par la maladie de sa mère (Hélène Vincent). Il y retrouve son père (Patrick d'Assumçao) et leur relation conflictuelle, mais aussi la veuve de son frère, Mona (Adèle Exarchopoulos) et son neveu (Roman Coustère Hachez).

Le scénario est simple, très simple, et parfois un peu trop prévisible (bien que le film ait reçu le Prix du scénario de la section Orizzonti à la 76ème Mostra de Venise). Tout semble téléphoné, et comme bien souvent, la bande-annonce nous a déjà révélé tous les tenants et aboutissants du film.

Derrière la tragédie familial se cache alors celle du monde rural, celle des paysans et de leurs enfants,  de la difficulté de changer de milieu social puis d'y revenir, et si l'on peut se réjouir d'un traitement non frontal et tapageur de ces sujets, le drame reste cependant platement expédié, et tout semble malheureusement assez creux.




Car c'est avant tout dans les silences et les non-dits que résonne le drame, on ne sait pas exactement ce qui a déchiré cette famille et le film ne cherche pas à nous l'expliciter, mais il ne prend pas non plus le temps de nous le faire ressentir. L'émotion semble entièrement contenue par les personnages, et parfois peut-être même un peu trop, de sorte qu'on ne perçoit pas vraiment son ampleur, alors même que la réalisation offre un rapport intimiste entre personnages et spectateur·rice·s, toujours au plus près d'eux.



Pour autant, les acteur·rice·s qui portent le film n'en restent pas moins très convaincant·e·s, et Roman Coustère Hachez a toute la justesse et la sincérité propres aux enfants acteur·rice·s : ses gestes sont encore plein de la petite enfance, rien ne semble être joué. De Niels Schneider et Adèle Exarchopoulos se dégage la même sincérité, mais aussi une certaine forme de pudeur, qui ne les empêche pas d'incarner brillamment leurs personnages. 

Mais c'est peut-être par sa durée et sa fin ouverte que le film pêche le plus, car la réalisatrice ne nous laisse pas vraiment le temps de plonger réellement dans son oeuvre et dans le drame, ce qui laisse les spectateur·rice·s complètement extérieur·e·s à l'histoire, sans jamais se sentir touché·e·s.

Avec Revenir, Jessica Palud signe donc un premier film sans ambition tapageuse, porté par de très bons acteur·rice·s mais qui manque de relief dans son écriture. 

Revenir réalisé par Jessica Palud, avec Adèle Exarchopoulos et Niels Schneider, en salles depuis le 29 janvier 2020.

Aucun commentaire