Le couvre-feu s'est abattu sur de nombreuses villes françaises, condamnant toute vie extérieure après 21h. La journée, prendre les transports en commun, aller travailler, déjeuner dehors, travailler encore, reprendre les transports, mais passé 21h, chacun chez soi et les vaches seront bien gardées. Sans s'étendre sur l'hypocrisie d'un tel dispositif, la question de la culture et du monde du spectacle a très vite été soulevée : y aura-t-il une exception pour le secteur culturel, déjà bien amoché par le confinement, l'annulation et le report de tous les événements depuis mars dernier ? Réponse : non. Qu'importe, on a alors qu'à avancer les représentations dans les théâtres, a proposé notre président. Le spectacle ne commence plus à 20h, 20h30, mais à 17 ou 18h, en semaine. Mais qui peut bien aller au théâtre à 17 ou 18h en semaine ? Qui exclue-t-on une fois de plus des théâtres ?
Alors bien sûr, tout cela part d'une bonne intention, car le couvre-feu ne saurait couvrir le feu du théâtre. Continuer, continuer malgré tout, continuer à offrir la possibilité à chacun et chacune d'aller au théâtre, car personne ne saurait interdire l'entrée d'un théâtre à un individu, n'est-ce pas ? Mais de fait, ces conditions excluent encore et toujours ceux qui, bien souvent, ne se sentaient déjà pas à leur place au théâtre. J'ai bien conscience que c'est une solution qui permet aussi de tenter de sauver le monde du spectacle, de perpétuer un secteur qui paie le prix cher du confinement, mais le spectacle vivant est-il une industrie ou un service public ? Et dans ce cas-là, qu'est-ce qu'un service public qui n'est pas accessible au plus grand nombre ?