De la difficulté d'écrire sur le théâtre quand les théâtres sont résolument fermés

    Cela fait quelques mois que je n'ai plus écrit ici. D'abord, parce que je me suis un peu concentrée sur la page Instagram de ce blog (@la.provinciale.parvenue venez on est bien), et puis aussi, surtout, parce que les théâtres sont fermés. Et alors, que dire du théâtre quand il est fermé ? Qu'il est essentiel ? Ce serait mentir. Le théâtre n'est essentiel qu'à ceux qui le font, car c'est leur travail. Le théâtre n'est pas plus essentiel que les cinémas, que les stades, que les salles de concert, que les boîtes de nuit. Le théâtre n'est pas plus essentiel que les supermarchés. 




Je comprends tout à fait qu'on s'offusque de la fermeture des lieux culturels, je suis la première à le faire, mais il s'agirait de ne pas oublier la décence. Des gens meurent chaque jour du virus, les lieux non essentiels qui reçoivent du public participent de sa circulation. Voilà. J'aimerais juste que les acteurs et actrices du monde du spectacle cessent de se placer en indispensables, en essentiels à notre société quand moins de 10% des français vont au théâtre. Des tas de gens survivent très bien des années sans aller au théâtre, nous en sommes tous capables. 


Évidemment, c'est facile à dire quand on fait partie de ceux qui ont la chance de pouvoir continuer à se rendre au théâtre, même sans y voir de spectacles, ne serait-ce que pour écrire, jouer, mettre en scène. Mais à quoi bon ? Pour qui fait-on du théâtre dans un théâtre fermé ?


Oui, mais. Mais l'État ne fait pas son travail. L'État, pour protéger l'économie, autorise l'ouverture de nombreux commerces non essentiels, où on peut acheter des articles tous moins essentiels les uns que les autres, alors pourquoi pas une place de théâtre ?


Alors forcément, les intermittent·es réagissent. Les étudiant·es aussi. Et les théâtres sont occupés. Pour autant, ils ne sont pas vraiment ouverts. On ne verra pas rentrer pendant cette occupation de l'Odéon ou de la Colline ceux qui n'y ont jamais mis les pieds, qui ne s'y sont jamais senti à leur place parce que tout leur faisait comprendre qu'ils n'étaient pas ici chez eux. Alors quoi ? Comment faire ? Comment penser la convergence des luttes, mais surtout, comment la mettre en pratique ? Je n'ai pas de solution miracle à proposer, et oui c'est un peu facile d'écrire si on ne fait rien. Soit. 


J'espère sincèrement que ce mouvement permettra de faire changer les choses. Je crois en la capacité des étudiant·es en théâtre à porter haut et fort nos revendications, qui vont bien plus loin que la simple réouverture des lieux culturels. Ça sera peut-être l'occasion d'y changer deux trois choses, histoire de ne pas revenir au fameux monde d'avant, auquel le monde d'après ressemble de plus en plus. 

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